Les bovidés

Le cheptel bovin au Burkina Faso est le deuxième plus important d’Afrique de l’Ouest, derrière le Mali.

En 2000 on dénombrait 5 millions de têtes de bétail pour plus de 9 millions en 2014 avec un accroissement annuel de 2%. La valeur du cheptel était estimée à 35 milliards de francs cfa en 1966, elle est de 1 142,3 milliards en 2009.

Une partie du cheptel part à l’exportation : en 2005 on comptait 212 660 têtes de bétail à l’exportation, chiffre qui a grimpé ,jusqu’à 408 332 en 2008, pour fléchir à 344 000 têtes exportées en 2014. L’exportation du bétail sur pied concerne les pays limitrophes, mais si le principal importateur de viande du Burkina Faso a longtemps été le Ghana, il est dépassé maintenant par le Nigeria. Le bétail va jusqu’au Cameroun et au Tchad.

La majeure partie des bovins sert à la production de la viande;  son abattage est placé sous la tutelle de la SOGEAO (Société de gestion des abattages) laquelle contrôle les 3 abattoirs frigorifiques et les 45 abattoirs séchoirs ainsi que les aires d’abattage qu’on retrouve dans tous les chefs lieux de département. En 2005, on dénombrait 200 000 têtes de bétails abattues contre 267 000 en 2014.

Les abattoirs ou aires d’abattage sont passées de 287 en 2005 à 395 en 2014 dans tout le Burkina Faso.

Quatre régions regroupent à elles seuls la majorité des troupeaux : le Sahel, les Hauts Bassins, le Centre Ouest et la Boucle du Mouhoun. On dénombre 1400 marchés de bétails dans tout le pays avec de grands marchés nationaux (Djibo, Ouagadougou…), des regroupements localisés et spécifiques dans les régions intérieures (Fada n’Gourma, Youba…) et des marchés informels.
60% de la production de la viande provient de l’élevage en transhumance des Peuls. Mais les bovins sont également exploités pour le lait, la traction et le cuir (surtout chez les Touaregs).

L’économie laitière est encore peu structurée. 72% du lait provient de l’élevage en transhumance (avec une estimation de 1 052 639 litres pour l’année 2007 sur 101 unités suivies.)
En 2005, on dénombrait 60 mini laiteries artisanales (jusqu’à 100 litres par jour) et plusieurs laiteries produisant de 500 à 3000 litres par jour. L’importation des produits laitiers est très importante (2007 : 10 301 tonnes de produits importés). En 2014, 175 unités de transformation du lait étaient recensées dans tous le pays.
La production laitière est passée de 123 900 litres en 2005 à 3 592 litres en 2014.

Les maladies principales des bovidés sont causées par des parasites (notamment la mouche tsé-tsé, même si les races de brousse sont peu fragilisées par ce parasite), la dermatose nodulaire et la fièvre aphteuse, rencontrée essentiellement dans le Sud-Ouest et les Hauts-Bassins.

LES DIFFERENTS TYPES D’ELEVAGE

On dénote trois types d’élevage :

  • l’élevage extensif de subsistance. Exemple : la transhumance des bovins appartenant aux Peuls.
  • L’élevage d’épargne : un élevage extensif sédentaire confié à des bergers en brousse. Il s’agit d’une embouche familiale et commerciale qui vient en plus d’autres activités (agriculture, artisanat…). Cet élevage n’a pas besoin d’infrastructures lourdes.
  • L’élevage de rente. Il s’agit d’un élevage sédentaire intensif (ou semi-intensif) qui nécessite de gros investissements en infrastructures car les animaux sont maintenus dans des bâtiments. On trouve ce genre d’élevage dans les zones péri-urbaines.

LES RACES BOVINES

On dénombres deux races principales de bovins : les zébus (bovins à bosse) et les taurins (bovins sans bosse).

LE ZEBU

Le zébu – du mot tibétain “zéba” qui veut dire “bosse” – est arrivé en Afrique par la Mésopotamie et l’Egypte il y a environ 4000 ans. Il provenait vraisemblablement de l’Inde. Les zébus indo-parkistanais sont arrivés par la Corne de l’Afrique grâce aux Arabes au VIIème siècle. Il faudra attendre la fin du 19ème siècle pour voir une importation massive d’Inde avec l’arrivé d’un bovin domestique descendant d’une sous-espèce indienne de l’auroch.

Le zébu – Bois Indicus – se caractérise par la présence d’une bosse graisseuse juste derrière le garrot. La taille de cette bosse varie suivant les races et elle est plus grosse chez le mâle que chez la femelle. Le zébu se caractérise également par la taille de ses cornes (dont on se sert pour faire des bijoux et des manches de couteau) ainsi que par une extension importante de la peau sous la gorge.

Le zébu peut présenter plusieurs couleurs mais majoritairement, un zébu est beige, rouge ou gris clair.
Le poids des adultes oiscille entre 200 kilos et plus d’une tonne.

On trouve les zébu essentiellement dans la zone sahélienne chez les peuples nomades (Peuls, Touaregs) et la richesse de la famille se mesure à la taille du troupeau. Les animaux sont alors peu abattus mais élevés pour le lait.

On peut distinguer trois groupes de zébus, différenciés en fonction de leurs cornes :

  • les zébus à courtes cornes : Azawak, Arabe, Goudali, Touareg, Adamaoua, Maure…
  • Les zébus aux cornes en lyre moyenne : le zébu Peul, Soudanais, le Djeli…
  • Les zébus à lyre haute : Mbororo, Bororo….


Zébus à cornes courtes

ZEBU A CORNES COURTES : LA GOUDALI

Il s’agit d’une race locale africaine qui provient de zébus introduits par les Arabes au VIIème siècle en provenance de l’Inde. L’espèce s’est très vite adaptée donnant 5 types différents de Goudali (Sokoto au Nigéria, Bénin et Burkina Faso, Adamawa, Banio, Yola et Ngaudere au Cameroun).
Elle présente une robe unie ou pie (tachetée de deux couleurs) : noir, rouge, blanc ou gris. Le ventre et l’intérieur des pattes sont souvent plus clairs. Le zébu Goudali a des cornes tellement petites qu’elles sont souvent inexistantes. Ce zébu possède de grandes oreilles pendantes.

Sa hauteur au garrot peut s’élever jusqu’à 1,40 mètre et les mâles peuvent peser jusqu’à 650 kg. C’est un animal lent et calme élevé pour la lactation (244 jours de lactation en une année), sa viande et la traction étant donné sa docilité. Cette race fait preuve d’une bonne résistance à la chaleur, son rendement en viande est bon et elle est facile à nourrir, mangeant tout ce qu’elle trouve.

ZEBU A COURTES CORNES : LE ZEBU AZAWAK

Ce zébu est originaire de l’Azawagh, province du nord du Mali ; il serait issu des zébus arrivés sur le continent africian il y a 4000 ans. C’est une race traditionnellement élevée par les Touaregs. On le trouve également au Niger et au Nigeria.
Sa robe est pie rouge ou pie noire, fauve mouchetée de blanc. La taille au garrot monte jusqu’à 1,30 mètres pour un poids de 300 kg. La vache donne 600 litres de lait sur 270 jours de lactation en une année. Des essais ont été tentés pour sédentariser la vache Azawak en la nourrissant mieux ; permettant de récolter 1800 litres de lait en un an. C’est une race très bien adaptée au Sahel.

 

ZEBU A CORNES COURTES : LE ZEBU ARABE

Ce zébu est également appelé Abore, Choa, Ouadara, petite vache de l’Abzin, Shuwa, Tur, Wadara (NB : le terme Wadara désigne aussi bien le zébu Azawak que le zébu Arabe ; les deux présentant de fortes similitudes). On le rencontre très peu au Burkina Faso.

Ce zébu présente une taille moyenne, un mufle large, un corps bien en chair et trapu. Ses cornes sont courtes et dirigées vers l’avant. La bosse est bien marquée chez le mâle (moins chez la femelle). Les membres sont fins et courts. Sa robe est roux foncé (parfois pie rouge ou pie noire). C’est un zébu sahélien adapté aux déserts arides. Les nomades l’élèvent pour le prestige du troupeau, il est également élevé pour la traction.


Zébus Azawak

ZEBU EN LYRE MOYENNE : LE ZEBU DJELI

Dénommé également Djali, Jali ou Jeli, c’est une race bovine originaire du Niger, issue des zébus introduits par la Corne de l’Afrique il y a 4000 ans. On le rencontre également au Bénin.
Sa robe est blanche (mais on peut en rencontrer avec une robe pie rouge ou pie noir, ou rouan).
Ses cornes sont de taille moyenne et en forme de lyre haute. C’est une race traditionnellement élevée par les Peuls ; on les trouve dans toute l’Afrique de l’Ouest. Ce zébu est très bien adapté au milieu sahélien et à la transhumance. Le mâle peut atteindre 1,30 mètre au garrot et peser jusqu’à 350 kg. Il est surtout élevé pour sa viande. La lactation est faible : 2 à 3 litres de lait par’ jour sur  200 jours de lactation. On le rencontre assez peu au Burkina Faso.

ZEBU A LYRE HAUTE : LE ZEBU BORORO BLANC

Appelé également Fulani blanc, Foulbé blanc, Peul blanc ; le zébu Bororo est élevé par les Peuls dans la zone centrale du Sahel. On en trouve jusqu’au Soudan.

Son ossature est fine, sa robe blanche (parfois tâchée de noir ou de rouge sur les pattes ou les flancs). Il possède de très longues cornes en forme de lyre à base large pouvant dépasser un mètre de long. Les mâles peuvent peser jusqu’à 600 kg. Ce zébu est un très bon marcheur, très bien adapté à l’élevage en transhumance. Les femelles donnent jusqu’à 1000 litres de lait sur 220 jours de lactation, avec un lait très riche en matière grasse. On l’élève également pour sa viande et pour la traction. La femelle met bas presque tous les ans. Ce zébu est souvent métissé avec d’autres zébus afin d’améliorer les qualités laitières et bouchères.


Zébus à longues cornes


Les dégâts de la sècheresse : près de Ouagadougou ou de Banfora mais loin de leurs pâturages habituels

ZEBU A LYRE HAUTE : LE ZEBU M’BORORO

Ce zébu est également dénommé Fulani rouge, Wodabe, Fellata, Abori, Bodadi, Brahaza. Cette race de zébu a été introduite par les Arabes depuis l’Inde depuis le 7ème siècle. Elle est très adaptée aux zones sahéliennes. Sa robe est rouge sombre unie avec les oreilles pendantes et de très longues cornes en lyre qui peuvent mesurer jusqu’à 1,40 mètre.
C’est un zébu élevé par les Peuls en transhumance pour le prestige familial. La viande est consommée uniquement les jours de fêtes mais les femelles sont de très faibles laitières. Les grands troupeaux sont élevés par des bergers. On remarque une mortalité importante aussi bien chez les adultes que les veaux.

LES TAURINS

La race taurine – Bos Taurus – se définit par un bovin sans bosse qui vit en zone humide. Sa particularité est d’être résistante à la Trypanosomose (maladie parasitaire provoquée par les piqûres de la mouche tsé-tsé).

On trouve trois races taurines au Burkina Faso :

  • Taurin à cornes longues : la vache N’Dama
  • Taurin à cornes courtes de la savane : la vache Baoulé ou Lobi
  • Taurin à cornes courtes de la forêt : la vache lagunaire

LA VACHE N’DAMA

C’est une vache originaire du Fouta Djallon ; elle mesure 1,20 mètre au garrot et pèse entre 250 et 400 kg/ On l’élève pour sa viande. Elle possède une capacité laitière de 2 litres par jour. Cette vache a pu se développer grâce à sa trypanorésistance, mais elle possède une faible résistance à la forte chaleur et à la sècheresse.
Sa robe est claire, unie du noir au brun.

C’est une race rustique, de petite taille qui donne de la bonne viande et un bon rendement en cuir. Sa force de travail en fait également une bête de trait. On la trouve dans le sud-ouest du Burkina Faso.

LA VACHE BAOULE OU LOBI

C’est le Taurin le plus répandu au Burkina Faso. Originaire du Sud-Ouest du Burkina Faso, en pays Lobi, on trouve également cette vache en pays Baoulé en Côte d’Ivoire (d’où son nom). Ce bovin a été domestiqué en Afrique il y a plus de 6000 ans. C’est une race de la savane tropicale, peu adaptée au Sahel. Elle est très proche de la race lagunaire.
Bovin de petite taille à la tête massive et aux cornes courtes et fines, la vache Lobi a un poil court et luisant avec une robe pie noir, pie jaune et quelque fois jaune. C’est une vache sédentaire, on l’élève en plus de l’agriculture, elle vit en pâturages naturels.

On l’élève pour la production de viande, parfois pour la traction. Sa chair est fine mais son lait peu abondant. Elle est traditionnellement utilisée par la dot d’un mariage.


Vaches lobi

LA VACHE LAGUNAIRE

Appelée également “Lagune”, cette vache est originaire du Golfe de Guinée. Sa robe est noire, fauve ou pie noire. Elle a des cornes courtes et effilées (parfois, cette vache n’a aucune corne).
Sa taille au garrot peut atteindre un mètre pour un poids atteignant 200 kg.

C’est le Taurin le plus petit d’Afrique de l’Ouest. Race adaptée aux zones côtières ou forestières, on la trouve également dans d’autres pays : Muturu au Nigeria et Ghana, Manjaca en Guin ée Bissau. Elle est moins fréquente au Burkina Faso.
Elle est très adaptée – comme les autres races taurines – aux environnements difficiles car trypanorésistante. On a tendance à la croiser de plus en plus avec des zébus pour améliorer le rendement au point que la race est menacée de disparition. On trouve ainsi au Bénin la race Bourgou qui est un croisement stabilisé de la Lagunaire avec un zébu Fulani blanc.

LE METISSAGE

Le caractère extensif de l’élevage des bovins avec ses déplacements par nomadisme, entraîne de nombreux métissages incontrôlés donnant des troupeaux à races mélangées.
Certains métissages sont volontaires comme les Taurins Lobi avec les Zébus afin de rendre les zébus trypanorésistants et améliorer la viande et la lactation.

Un dernier type de métissage volontaire concerne les grandes fermes qui ont importé des bovins d’Europe (la Tarentaise, Brune des Alpes,  Montbéliarde, Jerseyaise, Holstein, Limousin…) pour faire des croisements (entre autre à Koubri et Kokologho). On trouve également des introductions récentes de bovins brésiliens : Gir et Girolando (Boulbi et Loumbila).

On recense environ 3 millions de bovins métissés en Afrique de l’Ouest.

LES BUFFLES

Parmi les bovins sauvages ; le buffle tient une bonne place puisqu’on dénombre plus d’un million de têtes en Afrique. On trouve le buffle au Burkina Faso mais dans une moindre importance et essentiellement dans les parcs naturels.
Le buffle d’Afrique –Syncerus – provient d’une souche asiatique. Les buffles asiatiques actuels sont de même souche mais présentent de notables différences ; le buffle africain est resté sauvage alors que le buffle asiatique a pu être apprivoisé.
Le mâle est massif  et mesure 1,70 mètres au garrot pour 3,50 mètres de long. Le mâle peut peser jusqu’à 900 kg pour 500 kg chez la buflonne.

Le seul prédateur du buffle africaine est le lion (lion que l’on trouve de moins en moins au Burkina Faso) …. et l’homme qui le chasse. L’animal court vite et se défend très bien. C’est un animal irascible et dangereux. Il charge aussi bien les animaux que les hommes.


Buffles du Nahouri

VOCABULAIRE

  • Elevage transhumant : élevage aux mouvements cycliques de déplacements.
  • Elevage nomade : élevage à déplacements anarchiques suivant les ressources pour le troupeau.
  • Elevage sédentaire extensif : élevage avec des déplacements courts dans le secteur du village, nécessitant très peu d’investissement.
  • Elevage intensif : élevage qui demande de gros investissements en infrastructures. Les animaux sont maintenus dans les bâtiments.
  • Robe pie : robe blanche avec des tâches d’une autre couleur.

LE MARCHE AU BETAIL DE FADA N’GOURMA

Le marché au bétail de Fada n’Gourma se tient tous les dimanches matins dans un lieu dédié, bâti en 1978 et construit en dur en 2006. Il est géré par un comité de gestion qui perçoit 500 francs cfa par tête de bétail vendue et placée dans un box avant d’être embarquée.
Tous les bovins vendus sont vaccinés. Certains bovins arrivent malades ; seul le vétérinaire peut décider de sa vente ou non à des fins bouchères.
Le marché se partage en deux saisons : grosso modo les saisons se confondent entre hivernage et saison sèche où les bêtes partent en transhumance. Le marché présente entre 600 et 1500 têtes de bétail qui sont vendues grâce à des intermédiaires (il est impossible de vendre des bêtes directement). Ce marché est spécialisé dans les bovins mais on trouve également des ânes, des caprins, des ovins et de la volaille.

(Crédit photos : A et B.Chalamon – JP Fouilloux – C. Lebreton – B. Frager – P. Lavillette)