Les greniers de Borodougou

Pour visiter les greniers à grains de Borodougou
Joindre Mr Ismaël Sawadogo
Taxi-conteur à Bobo dioulasso
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Sur l’axe Ouagadougou – Bobo Dioulasso ; les faubourgs de Bobo sont constitués d’une grande falaise qui court sur plusieurs kilomètres. Une partie de cette falaise est connue pour abriter le site de sacrifice de Dafra ; mais le reste est moins fréquenté et pourtant il renferme des vestiges archéologiques oubliés.

Cette falaise est appelée “Fara” (ce qui veut dire tout simplement “falaise”) elle présente des curiosités géologiques comme des traces de ruissellement sur des pierres plates datant de temps très lointains, ou des “demoiselles coiffées” dues au sable qui s’effrite…. Ces falaises ont été également le refuge des populations locales lors de troubles. Certaines zones présentes des abris naturels où les vestiges ont été construits et bien conservés car cachés et protégés par ces corniches formées par la falaise.

Le village de Borodougou est un village bâti à 10 km de Bobo Dioulasso sur la route de la capitale. Difficile de l’approcher car aucun panneau ne l’indique et la piste est étroite. C’est un village bobo qui a conservé son allure traditionnelle depuis des siècles.
Comme le veut la coutume, le nom provient du fondateur du village. Les habitants connaissent bien ces greniers et savent parfaitement où les trouver ; ils les appellent “les greniers troglodytes”. Cette appellation est impropre car ces greniers ne sont pas taillés dans la roches mais construits avec de la terre crue.

Un guide est nécessaire pour marcher vers les falaises. Il faut auparavant aller saluer le chef coutumier responsable du village et des terres qui l’entourent, lui amener quelques noix de cola, et solliciter la permission d’aller visiter les greniers. Ensuite il est d’usage de solliciter une personne du village qui va vous accompagner jusqu’aux greniers.
Une demi-heure de marche suffit pour se retrouver au pied d’une partie de la falaise. La végétation est assez dense et permet de protéger les greniers. Ceux-ci sont disséminés un peu partout et il vaut mieux avoir de bonnes chaussures pour grimper dans les rochers.

Tous les greniers ont été astucieusement construits dans des renfoncements et des abris sous roches, ce qui les a préservés des tempêtes et du vent.

Tous les greniers sont fabriqués avec de la terre crue qui provient visiblement des environs. Les formes diffèrent un peu suivant les greniers mais ils présentent les mêmes types de motifs : des boudins de terre percés de trous réguliers ou bien une longue tige verticale barrée de petites tiges dessinées en biais formant comme des flèches.

Ils ont tous de taille moyenne et de formes rectangulaires ou circulaires. Certains présentent des claies en bois pour soutenir quelque chose (faire des étages dans le grenier ?) mais ils se sont en partie effondrés.
Les greniers sont accompagnés d’ustensiles (restes de canaris ou débris de meules) montrant que les populations ne se contentaient pas de stocker le grain mais faisaient la cuisine sur place. Ce devait être acrobatique car l’espace entre les greniers est assez réduit.

Des traces récentes de plumes blanches de volailles montrent une activité coutumière encore vivace. Tous les endroits les plus inaccessibles ont été utilisés y compris un grenier accroché à la falaise.

Il est difficile de dater ces greniers avec précision. Lorsqu’on pose la question aux villageois, ils font rapidement remonter l’origine à de  nombreux siècles, ce qui serait étrange car il s’agit de terre crue, difficile à conserver très longtemps. La logique serait de les dater du XIXème siècle à une période précédant la colonisation où de nombreux troubles locaux ont poussé les populations à se mettre à l’abri. Le fait n’est pas rare au Burkina Faso où de nombreuses constructions de ce genre ont vu le jour un peu partout dans le pays (greniers, cache d’armes, habitats troglodytes, grottes aménagées…).

Aucun recensement de ces constructions de Borodougou n’a encore été fait ; d’après le guide, on en trouve tout le long de la falaise.

La falaise de Dafra et ses environs sont actuellement pillés par des particuliers et des entreprises en toute illégalité pour fabriquer du sable. Des centaines de personnes creusent un peu partout modifiant le paysage de manière irréversible et menaçant la falaise elle-même.
Les habitants de Borodougou, chef coutumier en tête, se battent pour tenter de préserver leur patrimoine et l’environnement, mais ils ne sont guère entendus.

Article rédigé avec la permission du chef coutumier de Borodougou – crédit photos A. Chalamon