Les ruines de Loropeni

LES RUINES DE LOROPENI
Sud-Ouest du Burkina Faso, Province du Poni
47 km de Gaoua par la piste Gaoua-Banfora
A Loropeni : suivre la piste vers Banfora après le centre du village.
Les ruines sont à 4 km du centre, sur la droite.
Entrée payante

Les ruines de Loropeni se présentent comme une forteresse à peu près rectangulaire de 106 m x 105 m pour les grands côtés et 90 m pour les petits côtés. Le site s’étend sur 11 130 m2.

Le pays Lobi possède une dizaine de forteresses du même genre mais celle-ci est la plus importante et la mieux conservée. Elle s’inscrit dans un ensemble de fortifications qui s’étend jusqu’au Ghana. Ces forteresses étaient spécialisées dans le travail et le commerce de l’or. Loropeni était alors situé sur l’axe des grands axes commerciaux.. En 2009 ces ruines ont été inscrites au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

Les murs sont plus larges à la base qu’au sommet passant ainsi de 1,40 m d’épaisseur à 20 à 30 cm au sommet des murs sur une hauteur de 5 à 6 mètres. Ces murs ne montrent aucune ouverture visible.
Actuellement, ces ruines se situent au coeur d’une forêt claire et comportent plus de 150 espèces d’arbres ou arbustes originaires de la région. il s’agit de végétations de la forêt première. On n’y dénote aucun arbres d’importation comme le néré ou le manguier.

L’intérieur de la forteresse est organisé en deux espaces distincts. Chaque espace comporte des chemins à angles droits et des restes de bâtiments carrés dont les toitures étaient très hautes comme en témoignent des encoches dans les murs afin d’installer des poutres.

Plusieurs campagnes de fouilles ont permis de cerner un peu mieux les origines de cette enceinte.
L’écrit le plus ancien date de 1902 : le lieutenant Schwarz évoque simplement l’existence d’une forteresse. Le capitaine Henri Labouret – commandant de cercle à Diebougou puis à Gaoua – se passionna pour ces ruines qu’il surnommera “les Ruines du Lobi”. Il écrira sur cette forteresse dans son livres : ” les tribus du rameau lobi” (1931). Les premières fouilles datent de cette époque et ont mis à jour des poteries actuellement entreposées au CNRST de Ouagadougou et à l’institut Cheich Anta Diop de Dakar.
Madeleine Père, religieuse à Gaoua, s’est particulièrement intéressée à l’ethnie Gan (Obire, capitale des Gan se situe à quelques kilomètres de la forteresse de Loropeni). Ses recherches effectuées entre 1982 et 2000 lui font attribuer ces ruines au peuple Gan.

Depuis lors plusieurs chantiers de fouilles ont été réalisé à partir de 2008 par des archéologues de l’université de Ouagadougou.
Des poteries et des outils ont été mis à jour, datant du XIème siècle. Elles montrent l’ancienneté de l’occupation du site dévoilant grâce aux fouilles d’anciennes constructions antérieures à l’actuelle forteresse. A l’époque, le secteur était occupé par les Lorho (dont sont issus les Koulango et les Pakhala).
Les Gan ont occupé la région de Gaoua (“Gaoua” veut dire “la ville des Gan”) au XIVème et XVème siècle. Ils en ont été chassés par les Lobi au XVIIIèmle siècle et se sont alors repliés près de Loropeni, à proximité des ruines.

L’actuelle construction daterait d’une période antérieure à l’occupation des Gan et serait vraisemblablement le fait des Lorho, chassés par les Gan vers le XIVème ou XVème siècle. La forteresse a été occupée par les Gan jusqu’au XIXème siècle avant d’être abandonnée. Le site est alors devenu – comme tout site occupé puis abandonné – un espace sacré où s’effectuent des sacrifices encore à l’heure actuelle.

D’autres campagnes de fouilles ont été organisées afin d’affiner la chronologie historique. Il s’agit d’établir si l’occupation des lieux a été continue ou bien si elle a souffert d’interruptions.

Cette fortification  a été longtemps considérée comme un lieu pour garder des esclaves, hypothèse corroborée par la découverte d’entraves. La construction élaborée de l’ensemble a même donné l’idée à certains historiens qu’elle pouvait être l’oeuvre d’étrangers : phéniciens ou portugais. Mais il s’agit bien de l’oeuvre de peuples autochtones qui avaient une bonne connaissance de l’architecture.

Les moëllons de latérites sont créés en fonction de leur emplacement dans les murs. Ils ont été fabriqués avec de la latérite concassée et chauffée à 800 degrés, mélangés avec de l’argile. Le mortier est fabriqué avec un mélange d’argile, de néré et de karité, mêlé à des morceaux de céramique et des cailloux. En fermentant, l’ensemble devient élastique et étanche. Les murs sont enduits et réparés avec de l’argile prise à 200 mètres du site.
Après analyse, certains enduits montrent jusqu’à 5 couches différentes, prouvant ainsi un entretien régulier des murailles.

Les deux parties de la forteresse étaient occupées par des femmes d’un côté et des hommes de l’autre. Un mur de séparation empêchait les deux groupes de communiquer. Un seul côté possède une ouverture en chicane qui servait à filtrer les entrants et les sortants. Les recherches feraient état de l’existence d’une deuxième porte non encore localisée.
Cet ouvrage servait vraisemblablement non pas à guerroyer mais à se défendre en cas d’attaque pour protéger l’or contenu dans la forteresse. Des pointes de flèches ont été trouvées sur les lieux.

Cette forteresse vivait en autarcie. On y fabriquait sur place le métal comme en témoignent les traces d’un ancien haut fourneau situé à proximité. Il servait à fabriquer les outils et les armes (daba, pointes de flèches…).
Des restes d’outils d’agriculture retrouvés lors des fouilles de 2008 prouvent que les occupants des lieux cultivaient la terre.

Lors des fouilles, des ossements de chevaux ont été mis à jour sans être pour l’instant datés.

En 2008, un nouveau chantier de fouilles a été réalisé pendant deux mois de manière scientifique. Deux archéologue de l’université de Ouagadougou se sont partagé le site. Lassina Koté pour le secteur Sud et Lassina Simpore pour le secteur Nord.
Les sondages ont porté sur des zones supposées être des points d’eau ou bien des portes. Les fouilles ont mis à jour des céramiques de petites tailles, des outils (pointes de flèches, daba, couteaux) et du charbon de bois. L’ensemble remonterait au XIème siècle.

Ces fouilles ont également permis de mettre à jour des soubassements de constructions datés du XIème siècle mais il n’a pas encore été possible de déterminer la date de la construction des murs de l’enceinte de manière précise.


Plusieurs guides se partagent les visites des ruines en alternance. L’entrée est payante. Les billets sont pris au bureau des guides.
Depuis 2014, l’entrée du site a été aménagée avec la construction de plusieurs bâtiments construits en latérite avec une cafétéria, le bureau des guides, une salle de conférence, des logements pour les touristes…..
Ces travaux – initiés à la suite du classement du site au patrimoine de l’humanité – ont été terminés en 2016 et inaugurés par le Ministre de la Culture.

(à gauche : Alexis, un des guides)

EN SAVOIR PLUS

Visite des ruines

(Crédit photos : A. Chalamon)