Les affiches au Burkina Faso

Au Burkina Faso, le meilleur canal utilisé pour communiquer, informer, prévenir, publier et faire la propagande est l’affiche. Dans les différentes villes du pays, on les trouve partout.
Les affiches sont confectionnées sur tous les genres de supports : papiers, tissus (t.shirts, pagnes, banderoles…), bois ou fer (pancartes, panneaux…). On les trouve à toutes les tailles (petites, moyennes, grandes).
Elles sont présentes essentiellement dans les lieux qui rassemblent du monde : les places publiques (les marchés, les arbres à palabres, les murs des maisons…) les services et administrations publiques (les centres de santé, les établissements d’enseignements, les bibliothèques, les mairies et autres administrations publiques…), les lieux de distraction ou de détente (maquis, restaurants, hôtel…).

Une partie importante de la population étant analphabète, il faut mettre des photos suggestives (voire parfois crues ou provocantes) ou des dessins faciles à comprendre de tous. C’est souvent le seul mode de communication, de sensibilisation ou d’information dont l’état, les collectivités ou les associations disposent pour éduquer ou renseigner les populations.

Suivant les thèmes et les endroits où les affiches figurent, les slogans ou les dessins sont très différents.
Ces affiches sont financées par des origines très diverses. Certaines sont des campagnes orchestrées par l’état (ministère de la santé, de la culture, de l’enseignement…) ou bien par des organismes nationaux (par exemple la Croix-Rouge) et des organismes ou ONG internationaux (Croix-Rouge mondiale, RFI, Oxfam, UNICEF, FAO…).
Dans les écoles et les bibliothèques ; de nombreuses affiches proviennent de revues, essentiellement le magazine pour jeunes “Planète enfants” qui fait un gros travail de prévention.

INFORMATION ET PROPAGANDE

Ces affiches présentent un schéma identique à celui qu’on trouve dans la plupart des pays du monde. Il s’agit d’informer pour des élections ou pour une manifestation.

Affiches pour les élections présidentielles de 2015. Elles sont très grandes et figurent sur les panneaux publicitaires des bords de route. A noter que les affiches concernant les élections sont rarement de petites tailles.


Manifestations nationales à portée internationales. Ces affiches sont très professionnelles et sponsorisées par les grandes medias (RFI, TV5, RTB), le mlinistère de la culture, le ministère du commerce, du tourisme et des ONG internationales.

Mais on trouve également des affiches de tailles plus réduites pour des manifestations plus locales ou qui concernent un certain public comme ici les scolaires (les affiches ci-dessus figurent dans les bibliothèques). Leur graphisme est plus simple, moins riche et leur diffusion plus locale.

On trouve également de nombreuses petites affiches en noir et blanc, agraphées n’importe où, pour annoncer un chanteur, une soirée dansante, ou vanter les mérites d’un marabout. Ce sont des milliers d’affiches qui sont ainsi collées partout dans les villes et contribuent à leur insalubrité grandissante.

C’est dans les maquis que l’on trouve – en toute logique – les affiches concernant les boissons. De taille moyenne, elles concernent tous les types de boissons (souvent alcoolisées). Elles concernent aussi bien des boissons internationales (coca-cola, fanta…) que locales (brakina, youki..). Les couleurs sont toujours très “tape-à-l’oeil” et utilisent souvent le rouge ou le orange. C’est dans ce type d’affiches qu’on rencontre le plus de jeux de mots ou de calembours.

LES PHENOMENES SOCIAUX

De nombreuses campagnes d’affiches concernent la protection de l’enfance ou de la femme. Ici nous avons une campagne organisée par la Croix-Rouge (burkinabè et internationale) pour lutter contre la pédophilie, l’exploitation des petites bonnes, le travail et le trafic des enfants. On utilises des dessins très suggestifs pour s’adresser aussi bien aux adultes qu’aux principaux intéressés c’est-à-dire les enfants.



Cette dernière affiche n’est pas sur papier ; il s’agit d’un panneau peint trouvé sur le bord de la route à Boromo.
Les dessins sont simples et suggestifs. Le lieu d’implantation n’est pas anodin : sur la grand-route qui mène en Côte d’Ivoire, lieu de passage de tous les camions, minibus et grands bus, juste avant une des gares routières principales du trajet.
On trouve ce type de panneau dans toutes les grandes villes du Burkina Faso ; ils sont installés proches des gares routières importantes.

LES AFFICHES DANS LES BIBLIOTHEQUES : LES MISES EN GARDE

Les bibliothèques (privées, publiques) sont un lieu privilégié d’affichage. De nombreuses affiches concernent la lutte contre la violence sous toutes ses formes : violences en groupe, enfants soldats, guerre, radicalisation sous toutes ses formes. Les visages sont fermés et les couleurs privilégient le rouge et le noir, comme si le rouge prenait la couleur du sang.



Les slogans sont percutants afin que le jeune puisse le retenir. Le message est clair : il faut aller à l’école !

Pour aller à l’école, l’acte de naissance est obligatoire. Tous les enfatns burkinabè n’en ont pas, loin de là. Le document est obtenu en mairie. Seul bémol : une femme seule ne peut pas déclarer son enfant, seul le père peut le faire (même si en ville on arrive çà contourner ce problème). De plus tous les parents ne se sentent pas concernés par le problème. Le message de cette affiche s’adresse aux parents, mais il figure dans une bibliothèque où les parents ne vont pas.

L’affiche de droite lutte contre les mariages forcés : une jeune adolescente est en larmes et son message est simple. La réussite passe par les études.

Cette affiche ne figure pas dans une bibliothèque mais sur un grand panneau publicitaire à Banfora. Volontiers agressive par les photos, elle veut lutter contre la prolifération des armes et va dans le sens de cette lutte contre la violence sous toutes ses formes.

LES AFFICHES DANS LES BIBLIOTHEQUES : LES INCITATIONS


Après la lutte contre les violences sous toutes ses formes, il faut présenter des idées positives.
De nombreuses affiches dans les bibliothèques et les écoles incitent à étudier, à lire, à apprendre et même à écrire soi-même un livre. On note que les couleurs agressives ont disparu au profit du bleu (pourtant une couleur froide ; peut-être synonyme de sérieux ?) du blanc ou du jaune.

LE CIVISME

Ces affiches sont présentes aussi bien dans les écoles que les maquis ou les administrations. Il s’agit de sensibiliser les populations de tous les âges à respecter le pays. Ces campagnes régulières s’adaptent aux évènements du moment (les manifestations qui dégénèrent) ou bien à des campagnes récurrentes (comme la journée de l’arbre).


Planter un arbre (affiche ciblée pour des enfants) ou bien tenir le pays propre

L’affiche de gauche concerne les élus, pourtant elle est ciblée vers les citoyens, afin que ceux-ci sachent qu’ils peuvent demander des comptes à leurs élus. A droite, cette affiche est sortie après les grandes manifestations de 2011. Celles-ci ont souvent dégénéré avec du vandalisme parfois très important. Comment faire comprendre aux populations qu’on peut manifester calmement sans tout casser  ou brûler.

Campagne de l’ONEA (Agence Nationale de l’Eau) pour respecter les sanitaires et éviter de faire ses besoins n’importe où comme c’est encore trop souvent le cas.

Inciter à mettre les ordures dans les poubelles (notons que le panneau de gauche se trouvait…. à côté d’un espace rempli de détritus !!) ou bien inciter à partager ses connaissances, à travailler ensemble.

LA SANTE

Une majorité d’affiches de toutes tailles et de tous genres concerne la santé. Prévenir, guérir, informer, inciter…. On les trouve un peu partout mais essentiellement dans les dispensaires en brousse (CSPS), là où les gens attendent d’être soignés.

Ces deux affiches figurent sur de grands panneaux publicitaires : les ministères utilisent les grands panneaux pour des campagnes ciblées. Ici la campagne pour la vaccination contre la méningite (financée par l’UNICEF) ou bien une campagne en brousse pour une maladie concernant les troupeaux de bovins.

Les affiches ci-dessous se trouvent un peu partout  : dans les écoles, les bibliothèques, les administrations et pour les plus ciblées : les CSPS (dispensaires). Elles concernent la santé de tous et tentent de prévenir, informer, inciter… C’est dans cette catégorie que l’on trouve les affiches en langues locales (voire en plusieurs langues sur une même affiche).

Certaines affiches restent des années en place (et finissent par tomber en morceaux). De taille plus réduites, elles ont peu de photos sauf pour certaines maladies où on montre les effets de cette maladie (les photos sont parfois peu ragoutantes mais veulent justement choquer afin que les populations réagissent ou bien repèrent par ce biais de sont souffre un voisin ou un parent).

Les vaccinations (affiche souvent trouvée dans un CSPS) et affiche incitant à se laver les mains (affiche trouvée dans plusieurs mairies) : toujours l’hygiène signe de bonne santé !

Les affiches sur les différentes maladies. On les trouve dans les bibliothèques et les écoles. Elles sont très bien documentées et très pédagogiques.

Le manque d’hygiène (en brousse comme en ville) pose de très nombreux problèmes de diarrhée avec risque de déshydratation. L’affiche de gauche est intéressante car elle présente sous forme de bande dessinée toutes les démarches à faire (diagnostic, conduite à tenir, comment soigner et guérir). Elle responsabilise les parents en montant ce qu’ils doivent faire (au lieu de présenter uniquement un infirmier ou un médecin).

Affiches en langues pour lutter contre la mauvaise hygiène cause de diarrhée et de déshydratation.

Affiches en langues pour une campagne pour les vaccinations (avec présentation d’un moyen mnémotechnique pour se rappeler du nombre de vaccinations) et à droite une affiche pour une campagne de prévention du SIDA (NB : ces affiches sont anciennes).

Affiches sur les maladies : à gauche il s’agit de montrer qu’il est facile de guérir de la lèpre. A droite c’est une affiche mnémotechnique qui permet de se rappeler la posologie afin de soigner l’onchocercose.

A gauche, il s’agit d’un panneau peint, situé sur le bord de la route, que tout le monde peut voir. Le panneau est ancien mais il est toujours présent ; il a été réalisé lors d’une campagne de prévention du SIDA. A droite, on retrouve cette bande dessinée qui explique le problème et comment y remédier. L’affiche montre toute la posologie du traitement.

LES PANNEAUX TRADITIONNELS

Les peintres de scènes de rue ou panneaux indicatifs sont malheureusement devenus rares. Mais on trouve encore dans certains lieux (souvent des maquis) des panneaux de bois peints par un artistes local pour faire une publicité ou bien donner une information.

Trouvé dans un maquis à Dano : publicité pour le nescafé et à droite il s’agit de faire comprendre que le crédit est impossible.

Un panneau pour un métier. Il est installé dans la rue. Il allie l’information (le métier, le lieu et les coordonnées) mais également les dessins pour être compris de tous.

(Crédit photos : A. Chalamon)