Toriyaba

La grotte de Margo

LA GROTTE DE MARGO
Elle
est située sur la commune de Wula (ou “Oula”)
à 17 kilomètres de Ouahigouya dans le Yatenga
Piste de Kongoussi
Aucune piste ne mène à la grotte : un véhicule tout terrain est indispensable
Pour tout contact : Mr Sidiki Belem – mail : sidiki.belem10@gmail.com

Le village de Margo se situe à une vingtaine de kilomètres de la ville de Ouahigouya sur la piste de Kongoussi. Un peu oubliée des villageois, la grotte a été redécouverte il y a une dizaine d’années.
Elle se situe au sommet d’une colline escarpée dans un paysage sahélien très peu habité. Le bois, la terre et l’eau sont très rares. Les anciens du village racontent que leurs grands parents affirmaient que la grotte les avait vu naître. Quelques familles ont habité sur les flancs de la colline assez récemment, avant de redescendre dans la plaine où l’on trouve plusieurs concessions à 500 mètres de la colline. L’endroit : colline et concessions de la plaine, forment un lieu-dit nommé “Boutlo”.

Aucune piste ne mène à la colline sauf pour des piétons ou des motards. Un semblant de sentier permet d’accéder au sommet à un abri sous roche caché par des arbustes. Cet abri sous roiche, haut de presque trois mètres et large de plus de six mètres, se poursuit par une grotte étroite et longue (on n’a encore jamais mesuré sa profondeur) qui a été habitée par l’homme de manière ponctuelle.
Il est actuellement impossible de ramper pour tester et mesurer la longueur de cette grotte qui se termine par un boyau étroit. La grotte est totalement remplie de terre accumulée au cours des ans, au point d’enterrer une bonne partie des jarres et autres ustensiles en terre cuite qu’on peut y trouver.

Des villageois vivant de l’autre côté de la colline viennent de temps à autre prendre de la terre à l’entrée de la grotte, réputée très fertile. Peu à peu, d’autres villageois sont venus faire des offrandes et des sacrifices. On trouve en effet à l’entrée des calebasses contenant des cauris ou des graines. Malheureusement, l’isolement de cette grotte (pourtant peu facile d’accès) a occasionné des déprédations : bris des jarres, fouilles, vols ce qui met à mal la richesse archéologique de cette grotte.

Intéressante à plus d’un titre, la grotte n’est encore ni classée ni étudiées. Les villageois de Margo sont sensibles à sa conservation mais ne peuvent la garder jour et nuit. Ils se désolent des dégradations du lieu, considérant qu’il leur a été légué par leurs ancêtres.

LES HABITANTS DE LA GROTTE

La grotte abrite une faune très riche :

  • Des chauves-souris qui sortent par dizaines dès lors qu’on les dérange.

  • Les parois ensoleillées de l’entrée sont totalement recouvertes d’un grouillement de petits insectes beiges et ronds  qu’on appelle “Simini” en moore. Les vieux du village affirment que ces insectes étaient grillés et mangés lors de famines.

  • Des ruches sauvages. Des rayons de miel sont accrochées à la voûte non loin de l’entrée. Les abeilles sauvages vont et viennent butiner dehors et rentrer dans la grotte.

 

L’intérêt de la grotte réside surtout dans les très nombreuses poteries qui gisent sur le sol ou enterrées. La majorité de ces céramique est brisée. Par ailleurs, le chemin qui permet d’accéder à l’abri sous roche sur la colline est jonché de tessons de céramique.

Ces poteries sont très nombreuses (des centaines), elles sont posées à même le sol, les unes à côté des autres dans le désordre, voire les unes au dessus des autres.
On y trouve des jarres ou des canaris dont les motifs de décoration se retrouvent encore actuellement dans les céramiques des villages. Mais on y trouve également des bouteilles en terre cuites, des canaris avec couvercles en terre cuite avec poignée sur le dessus, certaines jarres ont des anses sur les côtés.

Actuellement ces terres cuites sont vides ou remplies de terre. Les villageois racontent qu’elles ont été pillées au fur et à mesure qu’a été connue à nouveau l’existence de la grotte et de ce qu’elle pouvait contenir.

D’après les anciens, ces poteries auraient contenu des aliments (céréales), des cauris et même des boules de métal en argent. Aucun vieux n’a le souvenir d’avoir utilisé cette grotte, ce qui exclut à priori une occupation du temps de la colonisation.
L’absence – en apparence – d’autres instruments comme des dabas ou des armes pour la chasse, ou bien des vêtements, donne à penser à une occupation temporaire en cas de danger quelconque (guerres, razzias), soit pour se réfugier comme en témoignent quelques traces anciennes de foyers, soit pour mettre en sureté de la nourriture et de quoi monnayer des achats simples (les cauris) ou bien de gros achats (les boules d’argent). Ces boules d’argent – si leur existence est avérée – sont intéressantes car aucune mine d’argent n’est recensées dans un rayon d’une centaine de kilomètres.


Des terres cuites abîmées et dans le désordre – Un morceau de bois, rare exemple conservé dans la grotte.

Ci-dessous, plusieurs tessons de poteries pris dans la grotte ou sur le chemin qui y mène. Ils permettent de constater les différences notables entre plusieurs terres cuites. Il ne s’agit pas des mêmes terres argileuses : certaines sont grises, d’autres nettement plus rouges. L’épaisseur des tessons varie entre les poteries, le travail de l’argile n’est pas uniforme sur toutes les terres cuites. Les motifs diffèrent également.
Ces constatations laissent penser à des origines très diverses pour ces poteries. Il est rare en effet dans un même village que les potières des motifs très différents ou des formes dissemblables dans la fabrication de leurs terres cuites. Mais il est impossible qu’un même secteur puisse utiliser des terres et des manières de façonner aussi différentes.

Selon un guide touristique de la Région Nord, ces poteries auraient un lien avec la culture dogon. Les Dogons en effet ont occupé la région avant d’être petit à petit chassés par les Mosse. Il en subsiste néanmoins encore dans la région.

Il est impossible de dater ces poteries à leur seule vue ; une expertise archéologique serait souhaitable avant que cette mémoire ne disparaisse. Il est vraisemblable que la grotte a été occupée et réoccupée à des périodes diverses puis abandonnée au XXème siècle.


Envers et endroits de tessons

(Crédit photos : A et B Chalamon)

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