Toriyaba

La concession de Kalmanma

EXEMPLE D’UNE CONCESSION GOURMANTCHE TRADITIONNELLE
LA CONCESSION DE KALMANMA A DIAPANGOU

La famille Ouaoba habite une concession dans le hameau de Kalmanma (ce qui veut dire : “ils se sont installés dans un coin intéressant“). Le hameau dépend de la commune de Diapangou.
Diapangou est l’une des six communes de la province du Gourma (région Est) à 18 km de Fada n’Gourma.
Kalmanma est un hameau de culture situé à 5 km de la route nationale sur la pistes qui mène de Lantargou à Komampergou. C’est un hameau parsemé de champs dont les exploitants proviennent des villages de Bardiadeni et Lantargou.
La famille Ouoba est venue du village de Bandiabgou où se situent leurs origines. Ils se sont installés à Kalmanma il y a une cinquantaine d’années.

Le hameau est essentiellement peuplé de gourmantché, on compte néanmoins une concession habitée par des Mosse. Les peuls n’apparaissent que lors des transhumances mais ne restent pas vivre sur place.
Le principal problème du hameau est l’eau, elle se trouve à une grande profondeur rendant les forages très onéreux. Aussi il n’y a pas de maraîchage dans le secteur (tout au plus les femmes cultivent le gombo mais rien d’autre). On ne trouve aucun bas-fond dans le secteur, les cultures sont centrées sur le mil, le sorgho, le maïs, l’arachide, le coton et le sésame. De grosses pluies en août 2016 ont fait des dégâts dans d’autres secteurs, mais là, les récoltes  sont bonnes et la famille est plutôt contente.

La concession est construite en cercle autour d’une cour centrale. Les différentes cases sont reliées entre elles par un mur en banco. L’entrée se fait par un mur en partie écroulé. Les cases traditionnelles rondes alternent avec des constructions plus modernes rectangulaires et au toit plat.
La famille avoue avoir plus de place dans les constructions modernes même s’il y fait plus chaud à cause des toits de tôle. Les cases traditionnelles sont plus compliquées à construire à cause de la raréfaction de la paille. Cette paille est issue d’une herbe sauvage – l’Andropogon – qui ne pousse qu’en brousse et a tendance à se raréfier.
Dans la cour centrale, on observe encore les débris de la meule traditionnelle à broyer le grain ; mais plus personne ne s’en sert depuis l’apparition du moulin. Les petits greniers en terre appartiennent aux femmes.


Entrée de la concession

C’est une même grande famille qui vit dans la concession, soit une trentaine de personnes. Le chef de famille -Dassibo Ouoba – est de religion catholique et a trois femmes. Ses deux fils ont deux femmes chacun et l’aîné des fils est de religion musulmane. Chaque case est dévolue à une femme avec ses enfants. Seul le chef de famille a sa case particulière.
Globalement tous les enfants vont à l’école : cinq d’entre eux poursuivent l’école primaire, et trois vont au collège. Les parents aimeraient voir leurs enfants poursuivre leurs études le plus loin possible.
Les enfants ne sont plus scarifiés, à l’inverse de leur mère : les pères ne veulent plus. Les scarifications étaient faites par des vieilles qui savaient le faire et en avaient le droit coutumier, mais elles sont en train de disparaître.

Les hommes ne pratiquent plus guère la chasse (à part un peu de braconnage) ; la région Est est en effet protégée par le tourisme cynégétique et les grands parcs naturels qui abritent les grands animaux sauvages.

Chose étonnante : le hameau ne possède pas de groupement de femmes ; elles vont à Diapangou ou dans les villages environnants.
Trois femmes se partagent la fabrication du dolo (bière de mil) en alternance une fois par semaine (sauf pendant l’hivernage où tout le monde travaille dans les champs). La fabrication reprend fin octobre ; la cour centrale de la concession est alors transformée en cabaret où tout le monde peut venir boire le dolo. Le dolo gourmantché est rouge car fabriqué avec du sorgho rouge.


Quand le moderne côtoie le traditionnel

LOISIRS

Les enfants jouent à des jeux traditionnels mais ces derniers ont tendance à disparaître. Les garçons jouent à cache-cache la nuit (avec un cercle tracé gardé par un joueur), ou bien se défient à la lutte. Ceux qui gardent les troupeaux cueillent des tiges de mil pour en faire des flûtes.
Les petites filles s’amusent à danser ; elles font des cercles où elles tapent dans les mains en chantant et en dansant. Le chef de famille fait remarquer qu’auparavant, les petites filles chantaient des chants traditionnels mais ces derniers sont peu à peu remplacés par des chants religieux.
Il arrive parfois que plusieurs familles se retrouvent pour jouer de la musique ensemble avec des instruments traditionnels comme le tambour, la guitare traditionnelles, la calebasse ou le gangaali.


La cour centrale est commune à toute la grande famille (soit trente personnes). Les gros greniers à grain sont construits à l’extérieur au bord de la concession . A noter le grenier à droite en terre : forme et matériel que l’on ne trouve qu’en pays gourmantché.


Le chef de famille : c’est à lui qu’on remet toutes les récoltes


Une partie du reste de la famille

Article rédigé avec l’aide de Lompo François Ikoanga de Diapangou
Crédit photos : A. Chalamon

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